UN BUREAU OUVERT SUR LA VILLE ET AUX NOUVEAUX MODES DE VIE
Sandra Chrétienne, chef de service adjointe au Marketing Stratégique et Prospective chez Bouygues Construction nous explique ce qu’est le bureau d'aujourd'hui.
Quelles grandes tendances constatez-vous chez les acteurs de la construction quand il s’agit de penser le bureau de demain ?
Historiquement, les recherches des acteurs étaient centrées sur les problématiques de construction, leurs enjeux techniques, et notamment l’optimisation de la consommation énergétique. Désormais la valeur immatérielle du bureau est un sujet clé, complémentaire des problématiques techniques : les services aux occupants, la mobilité, l’aménagement de l’espace de travail. On passe à une approche plus servicielle, le bureau “as a service”.
Comment se traduisent concrètement ces réflexions ?
On définit de nouveaux référentiels en matière de santé, d’environnement, de conditions d’équilibre de vie privée-vie professionnelle, de sécurité, d’hygiène de vie et même de lien social. Les acteurs cherchent, par de nouvelles certifications comme OsmoZ, à se comparer sur des critères partagés.
Quelles tendances déterminent le bureau de demain ?
Trois tendances : le bureau modulable, qui évolue avec le temps, le bureau ouvert, que l’on peut mutualiser avec des partenaires ou le reste de la ville, et enfin, le “bureau vivant”.
Décomposons. Modulable donc plus orienté services, ou simplement réaménageable ?
On est passé du flex office, à l’activity based office ! On pense les espaces en fonction des enjeux métiers. Le coworking est devenu réalité : des espaces de créativité accueillant des mix d’équipes et de services avec des équipements et des outils nécessaires au travail collaboratif. Des espaces qui stimulent l’innovation spontanée, des espaces “de concentration” cohabitent avec des espaces “lieux de rencontres”. L’aménagement ne reflète plus l’organisation hiérarchique mais le positionnement de l’entreprise, sa culture, c’est un showroom de ses méthodes et de sa transformation managériale. Pour retenir les talents, les entreprises misent aujourd’hui sur des organisations et sur des modes de travail souples et informels.
Quel rôle joue le mobilier ?
Un rôle essentiel ! Abattre les cloisons ne suffit pas. Le mobilier modulable, mobile, accompagne le salarié dans les différents types de travail qu’il effectue tout au long de sa journée. S’il veut travailler debout, en marchant ou bien passer d’une pièce à une autre facilement, le mobilier doit l’y aider. Grâce à lui il reprend le contrôle sur sa posture physique mais aussi psychologique. Par exemple, on voit poindre le “bureau fertile 2.0”, un espace de travail installé en extérieur, immergé dans la nature. La possibilité de sortir de son cadre de travail habituel !
Mais… cela va changer les habitudes ! Les salariés vont-ils l’accepter ?
Nous pensons le bureau ouvert en lien étroit avec ses utilisateurs. Au sein de l’entreprise, plusieurs cultures de travail coexistent, et nous accueillons cette diversité. Pour redéfinir le bureau, nous mobilisons toutes les parties prenantes.
Vous me parliez du “bureau ouvert” : ouvert à quoi ?
Le bureau est ouvert à de nouvelles propositions de services, qui permettent d’accompagner le nomadisme des équipes. Grâce à la création de bureaux satellites pour les collaborateurs, elles peuvent ainsi travailler en dehors du lieu de travail principal. Le bureau est ouvert aux nouvelles modalités de transports, tels l’eco-partage et les véhicules électriques. Désormais, avec les autres entreprises et les habitants du quartier, sont mutualisées les places de stationnement ! Il permet d’inviter la ville dans le bureau. Dans tous les projets, on cherche maintenant à créer une interaction avec la ville, sous la forme de lieux d’apprentissage, d’entrepreneuriat interne, de fab-labs.
Enfin vous parlez de “bureau vivant” : là, on est dans de la science-fiction, non ?
Pas du tout, c’est très concret ! Le bureau vivant c’est déjà la nature qui s’invite dans l’espace de travail, avec la biophilie, l’hydroponie ou l’agriculture au bureau… mais pas seulement. C’est aussi la digitalisation, qui doit permettre plus de collaboration, ce sont des équipements connectés, des salles de réunions avec traduction simultanée. Le bureau vivant c’est aussi un bureau plus “ludique”, avec des espaces de lecture, de sport. Le bureau vivant c’est le bureau “smart”, le smart pour piloter le bâtiment en temps réel, en fonction des comportements des usagers, afin d’apporter plus de services et de mieux gérer le quotidien. Enfin, le bureau vivant, c’est un bureau dont on a pensé la “deuxième vie”. Bouygues Construction industrialise déjà ce concept, avec l’offre Office Switch Home : un concept de construction pour un bâtiment de bureau transformable en bâtiment de logements. Le bâtiment recyclable, en quelque sorte.
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